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  • Photo du rédacteurLes Essences & Elles

La quête du moment présent

Entre hier et demain se trouve le moment présent. C’est un fait. Je trouve qu’il joue bien à la cachette avec moi.

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai rarement vécu dans le moment présent. La raison est fort évidente ; je suis une personne anxieuse. Trop préoccupée à repenser à ce qui s’est passé tantôt, ou alors, à ce qui va se passer plus tard.


De l’extérieur, on dit de moi que je suis simple et d’agréable compagnie, c’est vrai... Mais moi, je vois mon intérieur et je confirme que je suis un être complexe. D’abord hypersensible, puis anxieuse par-dessus le marché. Je suis un beau casse-tête 1000 morceaux et j’en perds facilement l’équilibre!


Plusieurs ignorent ce qu’est de vivre avec l’anxiété. Tout le monde peut vivre des épisodes d’anxiété liés à une situation stressante, mais moi, comme des milliers d’autres personnes, je suis anxieuse sans avoir nécessairement d’évènements stressants qui viennent justifier l’état, ni même sans m’en apercevoir. C’est un état d’esprit sournois et énergivore.


Jeune, je préparais mes vêtements la veille... et même mon petit bol de céréales, avec la cuillère à côté, délicatement placée sur un napperon, car j’avais peur de manquer de temps le matin venu. Ça aurait été vraiment terrible de perdre 12 secondes pour la sortir du tiroir à ustensiles. Je détestais quand maman me disait « On verra ça demain » (Phrase que j’utilise maintenant à profusion avec mes propres enfants!). C’était tout de suite que j’avais besoin de savoir, pour planifier, visualiser et mieux respirer. Je prenais aussi une éternité à m’endormir, après avoir repassé le film de ma journée et avoir visualisé la journée du lendemain. Je manquais de concentration et je n’avais pas une très bonne mémoire... je sais maintenant pourquoi, l’anxiété prenait trop de place.


Pour certains, l’anxiété peut entrainer une perturbation du sommeil, des crises de panique, un besoin de solitude, des maux de tête, des nausées, une peur du regard des gens, des pertes de mémoire, des tensions musculaires, des dérèglements hormonaux, des périodes de déprime. Pour d’autres, c’est plus subtil ou plus grand encore. Il existe plusieurs intensités. Je ne suis ni psychologue ni médecin, c’est du moins la compréhension que j’en ai.

Dans mon cas, c’est un peu tout ça, mais pas tout en même temps, ni en tout temps. Je me considère chanceuse, de ne pas vivre avec une anxiété généralisée et de ne pas en subir de grandes conséquences sociales. Je dirais même que l’anxiété a diminué avec le temps, les scénarios catastrophiques et les crises de panique ne font plus partie de ma vie, mais le stress, lui, est toujours présent. Stress de performer, stress de bien faire, stress de ne pas décevoir, stress de rien oublier. Je n’attribue pas tous ces travers à l’anxiété, il y aussi une grande partie de mon tempérament et de ma personnalité là-dedans. Je peux être de longues périodes à voguer sur un long fleuve tranquille, à être remplie d’énergie, mais sans m’en rendre compte, j’encaisse les vagues puis à un certain moment, j’arrive dans une tempête. Parfois petite, parfois plus grosse. Parfois petite, mais je la vois grosse! C’est signe que le stress s’est frayé un passage secret et que j’ai accumulé sans m’en apercevoir. C’est le résultat d’un manque de douceur envers moi-même. D’avoir oublié trop souvent ou trop longtemps de prendre soin de moi. D’avoir encaissé le stress sans le libérer. Je ne suis tellement pas la seule dans ce bateau. La vie va vite, on s’oublie donc très rapidement.


Je ne connais pas le processus miracle pour apprivoiser l’anxiété. Le temps aide, certes. Ça prend également une bonne force mentale. On trouve aussi du réconfort en discutant avec des proches ou un psychologue, en bougeant, en prenant soin de nous, en acceptant que les neurotransmetteurs et les hormones décident parfois pour nous, qu’on n’est pas responsable de tout physiquement parlant et...vous me voyez venir... en comprenant qu’il faut profiter du moment présent, en l’accueillant. (C’est quand même le sujet de mon papier…il ne faudrait pas que je l’oublie!)


J’ai compris depuis quelques temps que c’est crucial de vivre le moment présent pour ne pas se sentir coupable pour hier, pour ne pas s’en faire trop avec demain, pour ne pas être éparpillé dans les pensées et être partout en même temps... juste être ici et maintenant... juste apprécier le moment, juste s’apprécier dans le présent.


Parfois je m’y retrouve naturellement, dans ce moment présent, dans le « aujourd’hui », dans le maintenant, parce que ma nature est positive et enjouée, parce que ma nature est reconnaissante, parce que je ne suis pas qu’anxieuse et parce qu’on m’a clairement transmis les bonnes bases de la recette du bonheur! J’ai beaucoup de chance d’être issue de cette famille!


Par contre, il arrive que pour être dans le moment présent, je dois prendre un temps d’arrêt et ordonner à mon cerveau de se calmer. Juste ça, c’est lourd! C’est contre nature. Comme le disait une amie, c’est comme si j’avais deux parties de moi qui cohabitaient, malgré leur incompatibilité. C’est moi ça; l’ambitieuse anxieuse. Assez paradoxal de carburer aux projets, mais de vivre autant de stress en les réalisant…il faut apprendre à tempérer sa personnalité pour se protéger et ne pas s’épuiser, puis ça, c’est comme rouler sur le « cruise control » (J’hais ça, by the way!) Tu as le goût d’aller à 130 km/h, mais tu te mets une limite à 115, pour être plus prudent. C’est limitant, mais plus on est confronté à des situations, plus on apprend à se connaitre et à identifier les sources de nos peurs et de notre stress. Ainsi, on se permet de sortir de la zone de confort puis on en sort plus fort. On apprend aussi à demander de l’aide, car on comprend que ce n’est pas un signe de faiblesse, mais une preuve d’amour propre.


Vivre le moment présent, ça sonne pourtant si simple. J’imagine que ça veut dire être pleinement conscient du moment que tu vis ou de vivre un jour à la fois, parfois le concept « d’une heure à la fois » est plus approprié pour ne pas craquer devant l’ampleur de la journée qui s’annonce. Voyez, pour moi, le concept n’est pas encore parfaitement clair, mais j’y travaille!


Alors, comment je déconnecte de la peur et du stress, quand c’est trop là et inconfortable, quand je sens la fatigue prendre trop de place? Voici une liste de gestes très simples qui m’aident, certains même que je répète chaque jour:

  • Marcher, courir;

  • Parler avec quelqu’un;

  • Écrire ou lire;

  • Chanter à pleine voix et écouter de la musique;

  • Écouter une émission;

  • Allumer une bougie et s’y attarder;

  • Travailler (Pas plus moment présent que là…tu ne peux pas te sauver!);

  • Prendre congé du travail… (Je sais, je me contredits, mais c’est ça la vie, remplie de contradiction!) ;

  • Créer, cuisiner, dessiner;

  • M’occuper des autres (sans m’oublier);

  • Méditer (ouf difficile!);

  • Danser, seule ou avec les enfants dans la cuisine, même quand ça ne me tente pas, parce que ça fait du bien;

  • Dire oui aux opportunités, aux sorties, même quand le fait d’y penser me stress parfois, parce qu’au final, ça me fait du bien la plupart du temps;

  • M’entrainer (je l’ai mis dans le bas de la liste, parce que c’est vraiment un dernier recours pour moi!)

Bref, tout ce qui m’empêche de réfléchir trop loin ou de voir trop gros, tout ce qui m’aide à prendre soin de moi et à profiter de la vie. Je suis curieuse de connaitre vos trucs pour saisir le bonheur immédiat, ce fameux moment présent.


Le stress m’use et m’amène dans des coins plus sombres à l’occasion, mais il ne m’empêche pas d’être remplie de gratitude. Les anxieux ne sont pas des êtres ternis et rabat-joie pour autant! Je la vois la beauté. Je la vois partout. Je la prends en photo tout le temps pour la voir encore et encore. Ça saute aux yeux et ça permet de rester les pieds sur terre! Je m’émerveille et je dis merci à la vie chaque jour. J’absorbe toute la beauté du ciel et de la mer devant chez moi. Je me pince devant la beauté de mes enfants et cette chance qu’ils soient en santé. J’essaie de délier les mécanismes de mon cerveau pour avoir le bonheur plus facile, plus souvent! Pour penser moins et profiter plus. Pour arrêter d’être trop souvent insatisfaite et brûlée, mélancolique et nostalgique.

D’innombrables « to do list » plus tard, de nombreuses remises en question et comparaisons avec la légèreté des autres... il m’aura fallu atteindre la trentaine pour faire une réelle prise de conscience. Pour comprendre mieux et commencer l’acceptation, sans me juger et me déprécier pour autant. Avant, je paniquais, maintenant je me répète : « Ce n’est pas grave, ça va être correct, je ne suis pas seule ».


Je respire et je m’évade, juste assez pour flotter au-dessus de la situation et constater qu’ya rien de grave ni d’urgent... que la perfection n’existe pas, que j’ai le droit de vivre l’émotion qui se présente, puis continuer d’avancer.


Je suis très fière de tout le chemin parcouru depuis ma jeunesse. Je suis contente aussi d’avoir cette nouvelle capacité d’imposer mes limites, de dire non, de mieux me connaître, même si j’ai encore beaucoup de chemin à faire pour prendre mieux soin de moi, pour m’attitrer le titre d’essentielle. Je me souhaite de mieux contrôler l’anxiété et de l’accepter pour m’aimer telle que je suis, hier, aujourd’hui et demain, pour vivre plus le moment présent en paix!


Je terminerais en vous disant que je vous souhaite des moments présents riches et lumineux. Finalement, je nous souhaite de voir les personnes anxieuses autour de nous comme des êtres forts et courageux.

« And anytime you feel the pain, hey jude, refrain, don’t carry the world upon your shoulders » - The beatles.

K.B.

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