Les Essences & Elles
Le jour où j’ai accepté que je ne pouvais pas tout contrôler
Petit pas vers le lâcher prise
Suis-je la seule à me mettre un peu de pression quand vient le temps de recevoir des gens à la maison, d’organiser une fête ou un souper? Est-ce qu’il vous est déjà arrivé (bon, peut-être moins en temps de pandémie et de confinement, mais dans votre vie normale) de vous mettre la barre haute : repas digne d’un restaurant gastronomique, maison parfaitement propre, ambiance décontractée alors qu’une petite goutte sur votre front trahit votre look serein? Je dois l’admettre, une partie de moi est control freak.
L’été dernier, on fêtait les trois ans de ma fille en plein mois de juillet. J’avais tout planifié dans les moindres détails (déco, thème, ménage, nourriture, gâteau spécial, jeux, etc.). Comme il faisait beau et chaud, la fête se déroulait dehors, dans la cour arrière qui était aménagée pour l’événement. Au début, tout se passait bien, les enfants jouaient dehors dans des jeux d’eau, les adultes jasaient ensemble sur le patio. Mais il y a eu un petit changement soudain dans la météo et il s’est mis à faire plutôt froid et à mouiller. Et ce fût le début d’une petite catastrophe (dans ma tête). J’ai compris que tout ce que j’avais soigneusement préparé était littéralement tombé à l’eau (sans vouloir faire de mauvais jeu de mot).
Je me disais : Ce n’est pas ce que j’avais prévu…Qu’est-ce que je fais avec ça? Est-ce que je dis aux gens ‘’c’est bien dommage mais malheureusement la fête est terminée’’? J’avais peur que les gens trouvent la fête vraiment moche…À vrai dire, j’ai pensé pendant une seconde pleurer en boule ou me mettre à crier.
Puis j’ai pris un pas de recul devant ce fait, pour analyser la situation. J’ai alors pensé : Et si j’acceptais la situation telle qu’elle se présente à moi puisque je n’ai clairement aucun contrôle sur la température? Et si je tournais la situation de tous les côtés pour en créer une opportunité?
Puis, en moins de deux, nous avons tout transféré (la déco, les chaises, la table, la nourriture, le gâteau, etc.) dans le garage avant que tout ne soit détrempé. C’était le bordel, on manquait de place, mais on s’est fait un party de garage avec nos proches. On a ouvert la musique au fond et les enfants se sont mis à danser avec la grande porte qui était ouverte et qui laissait entrevoir la pluie. Je me souviens que ma grande a adoré sa fête et qu’elle en garde un très bon souvenir, elle m'en parle encore parfois d'ailleurs. Qu’en aurait-il été si j’avais décidé de me morfonde devant la situation, quelle image aurait-elle retenue? C’était sa journée après tout, pas la mienne. Je me souviens aussi que nos proches sont restés jusqu’à tard en soirée et qu’on a allumé des petites lumières dans le garage pour prendre un verre ensemble en se commandant à souper, pas de stress, pas de casse-tête, alors que les petites dormaient dans la poussette à côté de nous. Je me sentais bien.
Si vous me croisez, demandez-moi de vous raconter aussi une autre soirée, un certain souper avec des amis très chers qu’on ne voit qu’une fois par année. Je voulais que tout sois P-A-R-F-A-I-T, mais ça été un flop de A à Z si je compare au plan que je m’étais fait dans ma tête. Tout de même, ça demeure une de mes soirées préférées, et un souvenir hilarant qu’on aime bien raconter en pleurant de rire (sans entrer dans les détails, ça implique une chicane de couple, beaucoup trop de gin tonic et un ami qui s’improvise chansonnier à deux heures du matin en réveillant les enfants avec sa guitare). D’ailleurs, j’aurais des dizaines d’anecdotes à vous raconter concernant des moments qui ne se sont pas déroulés comme prévu, et je suis certaine que vous aussi.

En résumé, à mes yeux, le fameux lâcher prise, c’est d’accepter qu’on ne puisse pas tout contrôler. C’est de réaliser que la seule chose sur laquelle on a réellement le contrôle, c’est notre manière de réagir face aux événements. C’est aussi d’accepter et de bien vivre avec le fait que tout ne se passe pas toujours comme on l’aurait souhaité. C’est d’être capable de transformer avec humour les petites catastrophes en moments mémorables (ne sont-ils pas beaucoup plus drôles à raconter?). Bien que je sois loin de maîtriser encore ce concept, je crois que ça se travaille et qu’il y a toujours moyen de faire ce choix. Il y a toujours des solutions possibles et des petits trucs à développer. Par exemple, lorsqu’une situation ne se passe pas du tout comme je le souhaiterais, je me demande parfois : sur une échelle de 1 à 10, le plus élevé étant la pire chose qui soit (exemple un accident grave ou mortel), à combien s’élève le niveau de gravité de la situation? Force est d’admettre que souvent, ce n’est qu’un tout petit 2 qui n’est pas grave du tout (alors que j’aurais réagi naturellement en voyant ça comme une montagne). Ça m’aide alors à relativiser la situation et à accepter que je ne puisse pas tout prendre sur mes épaules… Puis, je laisse aller.
À plus large spectre, si on comparait : le contrôle, la perfection, la manière dont les autres nous perçoivent, les histoires qui ne nous appartiennent pas, la compétition, les jugements, les regrets, les inquiétudes, la peur, les reproches, l’envie, la culpabilité, la colère, la comparaison, les attentes irréelles, etc. à des ballons très lourds que l’on tient dans nos mains, est-ce qu’on ne se sentirait pas plus léger en les relâchant, plutôt qu’en s’agrippant à eux? Bien entendu, on aurait l’air très solide et fort en les tenant tous pendant une longue période, en les maîtrisant. Mais est-ce que le fait de les laisser aller ne nous permettrait pas de pouvoir flotter, bien au-dessus de tout ça? Vous essayerez pour voir, je trouve que ça rend les moments plus agréables, légers et vrais.

Et vous, sur quelle sphère de votre vie ou sur quelle situation aimeriez-vous lâcher prise? Quel petit pas pourriez-vous faire pour y arriver?
Josyane